(CHALLENGE SPORTS) – Le Sénégal joue le Congo à la 75e minute les supporters dits « le 12e Gaïndé » quittent les gradins du stade Lat Dior de Thiès. Ils protestent ainsi contre la fédération sénégalaise de football qui ne leur aurait pas remis le nombre de tickets nécessaires pour permettre l’accès de leurs membres dans les gradins.
Cet incident incite « Balle de Match » à s’intéresser à cet acteur si particulier qu’est le supporter.
Défini comme quelqu’un qui pousse, soutient, encourage son équipe, son athlète dans la performance, le supporter se présente sous plusieurs types, formes d’organisation et particularités.
Les uns vont souvent au stade pour voir leur équipe jouer, apprécier le spectacle et réagir selon le résultat.
D’autres une fois sur les tribunes ne s’occupent pas du jeu, aucune tolérance pour l’adversaire et l’arbitre, l’invective et l’insulte à la bouche. Adeptes du chauvinisme, ils ont fait regner les incidents et les bagarres dans les stades, le Heysel en est un triste souvenir avec les hooligans anglais.
Avec l’inflation des coûts des entrées au stade, certains de milieu modeste se contentent des écrans géants dans les bars ou espaces dédiées et font preuve d’autant de passion que ceux partis au stade.
Dans certains pays, les supporters participent financièrement à la vie du club et influent ainsi sur certaines décisions : les socios en Espagne et au Portugal.
De cette typologie, apparaît un cas particulier, ce supporter est seul, suit les équipes sans distinction, toujours au stade. Il a couvert 6 millions de kilomètres, assisté à 16 millions de match ceci en 34 ans: lui c’est ZATO on l’appelle ainsi. Depuis 1996 la Fédération Française de football lui a établi une carte pour suivre gratuitement tous les matchs nationaux comme internationaux sur l’ensemble du territoire.
Cet exemple de ZATO qui est l’illustration parfaite du fair play, en globe-trotter il est hébergé par des joueurs. arbitres ou entraîneurs, n’est pas le cas ni l’esprit de beaucoup de supporters.
Leur passion débordante et l’identité de leurs associations Fanatiques, Ultras, engendrent quelque fois des scènes de violence qui débordent souvent du cadre du stade.
Ainsi, pour prévenir ces débordements, une charte du supporter est instaurée dans certains pays. » le supporter respecte les dirigeants , les joueurs et les entraîneurs du club et les arbitres car ils partagent tous la même passion et participent à la réussite générale « . Peut-on lire dans un des articles d’une de ces chartes. Au Sénégal pendant longtemps le supporter tel que decliné n’était présent que dans le nawetaan. Autour des clubs du championnat on avait quelques supporters qui s’identifiaient à des équipes comme tchalang et Sanfouné pour le Jaraaf et d’autres. Mais il y’avait, véritablement, pas d’associations de supporters reconnues comme le » Allez Casa » qui en est la première. Et jusqu’à la CAN Sénégal 92 la Fédé s’attachait ses services pour accompagner l’équipe nationale. Pendant longtemps on parlait de supporters ou de l’orchestre du casa sports mais pas de « Allez casa ». Au stade, ils ne s’occupent pas du jeu, animer et encourager leur équipe leur seul souci. Je me rappelle lors de cette finale de coupe du Sénégal en 1979 à la tribune découverte, de ce supporter le dos tourné au terrain à côté de moi, après chaque but il me demandait » frère qui « est ce qui a marqué » ? Fair play je lui répondais toujours Bassirou Ndiaye d’un ton blasé parce que je supportais le Jaraaf.
Le 12e Gaïndé dans sa forme actuelle est apparue en 2002, bien que ce terme soit utilisé lors de Sénégal 92 pour désigner les supporters sénégalais.
Déjà en 2000 à Lagos il n’y avait qu’une poignée de supporters autour de feu Saliou Mbacke Decasa et Pape Thierno Ba.
Ces deux groupes de supporters cristallisent des jalousies l’un réclamant la légitimité de l’ancienneté et l’autre la légalité du fait d’arborer les couleurs nationales et de s’identifier à l’équipe nationale par le nom.
Ces deux entités se regardent en chiens de faïence. Leur rivalité sourde se manifeste très souvent et ses effets peut distraire la Fédé.
Le dernier type de supporter pas encore présenté est celui que l’on trouve au Sénégal. Il ne part au stade que si on lui paye le billet, il ne suit l’équipe que quand on lui offre le voyage et l’hôtel, la fédération n’a aucune emprise sur l’association.
Dans notre pays le supporter est une charge et pire un danger pour la quiétude et la concentration des joueurs. Très souvent c’est avec batteries et trompettes qu’ils s’invitent dans le hall de l’hôtel des joueurs pour fêter une victoire en pleine CAN ou CDM.
Ce geste d’humeur à Thiès est une attitude d’enfant gâté que rien ne peut justifier.
Serigne Fallou DIENG
dserignefallou39@gm.com