(CHALLENGE SPORTS). Dans sa carrière décevante, l’ancien Bourguignon avoue avoir fait de mauvais choix. Aujourd’hui il nourrit des regrets même s’il sait qu’on ne peut plus rectifier le tir.
N’avez-vous pas des regrets pour certains choix dans votre carrière ?
Si j’ai de forts regrets même. Des clubs comme Rennes, Fribourg et d’autres me voulaient vraiment. Quand je partais à Auxerre, c’était le moment de la ligue des Champions européen. Je pensais jouer des matchs européens. Mais je suis arrivé à un mauvais moment, parce que ceux qui m’ont amené et le staff qui était en place à ce moment, n’étaient pas en bons termes. J’ai débuté avec la réserve d’Auxerre, j’ai fait de bonnes prestations. Normalement je devais rejoindre l’équipe première mais le coach de l’époque préférait placer ses propres joueurs. A ce moment j’étais plus fort que ceux qui étaient sur le terrain. Pour trouver du temps de jeu, j’ai rejoint Amiens. Là aussi, les choses n’ont pas marché. C’est par la suite que j’ai rejoint Wydad de Casablanca. Mon meilleur contrat sur tous les côtés c’était avec ce club. J’ai commencé à rejouer, on a gagné le championnat et tout se passait bien. Le problème avec eux c’est qu’ils me doivent jusqu’à présent ma prime de 320.000 dollars qu’ils refusent de me payer. La procédure est tellement longue au niveau du Tribunal Arbitral du Sport que parfois on se décourage. J’avoue que j’ai de forts regrets si je pouvais reculer le temps, j’essayerai de rectifier certains mauvais choix. Mais on comprend que c’est la vie aussi.
Peut-on dire que c’est à Auxerre que votre carrière a basculé ?
Oui on peut le dire parce qu’à l’époque si Auxerre avait fait ce qu’il devait faire, les choses allaient se dérouler autrement. Je suis venu à six mois de la fin du championnat, j’ai fini meilleur buteur avec la réserve. Dans les normes, je devais rejoindre l’équipe première, mais des choix partisans ont fait que je ne me suis jamais imposé. Le talent seul ne suffit pas, il faut un coup de main pour s’éclater.
Vous faites partie de l’équipe qui avait joué tous les matchs éliminatoires des JO de 2012 mais vous n’avez pas été retenu pour aller à Londres, comment avez-vous vécu votre absence ?
Effectivement j’ai participé à tous les matchs des éliminatoires. Je peux dire même que c’est moi qui ai qualifié l’équipe à ces jeux de 2012. Quand on partait jouer en Angola le dernier match, le stade était archi plein, le match était très difficile vu les enjeux. Il nous fallait rentrer de Luanda avec un résultat positif, parce qu’à Dakar, on avait fait match nul avec les Angolais. A seulement 9 mn de jeu, un des joueurs a pris un carton rouge. Les choses devenaient plus compliquées. J’ai proposé aux coachs de changer de système. J’étais seul en pointe de l’attaque. À dix minutes de la fin du match nous avons obtenu un coup franc que j’ai tiré et marquer. Les angolais ont égalisé en fin de partie. Ce match nul nous a permis de nous qualifier aux JO. Entre temps, je suis tombé malade, pendant un moment. Le sélectionneur avait fait sa liste je n’y étais pas. Le football c’est aussi une affaire de chance quelques fois. Pratiquement tous les joueurs qui ont joué ce tournoi ont eu après de bons contrats professionnels. C’est difficile de jouer tous les matchs éliminatoires dans des conditions pas faciles et rater après la compétition officielle. D’une part on est fier du travail abattu, parce que j’ai réussi à aider l’équipe à se qualifier et participer aux JO. D’autre part y a eu des regrets pour n’avoir pas participer aux Jeux à Londres.
Vous avez été appelé en équipe nationale une seule fois. Comment vivez-vous votre longue absence en sélection ?
Je le vis positivement. Le sélectionneur appelle toujours ceux avec qui, il pense gagner son match. Quand on est en forme et qu’on joue dans un bon club, on peut facilement être appelé en équipe nationale. En plus venir en sélection nécessite d’avoir une grande forme pour le joueur.
Pensez-vous revenir un jour en équipe nationale ?
Ça dépend. Dans la vie on ne sait jamais. Tout le monde rêve de la sélection mais parfois on se résigne face à la réalité. Mais on est des sénégalais on répondra toujours présent à l’appel de la patrie. Je pense qu’un joueur local peut donner plus sur le terrain qu’un autre joueur qui joue en Europe. C’est avec la foi et le cœur qu’on doit jouer les matchs de l’équipe nationale. Le plus important est de se donner à fond quand on est appelé en sélection nationale.
Avez-vous échangé avec le sélectionneur Aliou Cissé ?
On se connait bien lui et moi. Le coach est une bonne personne. Il connait bien le football, il est courageux et essaie toujours de donner le meilleur de lui-même. Je lui souhaite de bonnes choses. Mais on a de bons rapports vraiment.
Essamaï SAGNA