INTERVIEW EXCLUSIVE RÉALISÉE PAR ABDOULATIF DIOP.
(CHALLENGE SPORTS). Le procès de l’IAAF est très loin de connaitre son épilogue. Le patron de Pamodzi ne lâche pas l’affaire. Papa Massata Diack n’a pas dit son dernier mot. Il a décidé de démonter pièce par pièce les accusations portées contre lui. Il accuse carrément le tribunal d’avoir voulu délibérément le juger en son absence pour corser son dossier. Ce qu’il qualifie de violation des droits de la défense.
Dans les rapports préliminaires de la juge du tribunal financier, il est écrit que Dentsu et la société PMD qui est la vôtre, ont négocié avec l’IAAF un contrat de 19 millions 500 de dollars et ont revendu les droits à 29 millions 500 de dollars pour gagner 10 millions de dollars jugés beaucoup …. (Il coupe)…
Ce n’est pas vrai ! C’est du n’importe quoi ! Cela concerne le contrat avec VTB (Ndlr : une banque russe) qui était de 25 millions de dollars. (Ndlr : Il sort preuve à l’appui ledit contrat dans lequel c’est bien mentionné 25 millions de dollars depuis le 20 décembre 2006). Le premier payement était de 8 millions de dollars. Sur ce contrat il y a ma commission, celle de Dentsu et de l’agence SPORTIMA qui est la société intermédiaire qui nous a permis de sécuriser VTB.
Est-ce que le parquet financier a reçu ce document-là ? (Ndlr : Nous avions le document sous nos yeux).
(Ndlr : Il brandit une pile de documents preuves). Ils ont reçu tout ça. Ils refusent de l’exploiter. J’ai remis ce document à la commission rogatoire. Ils se sont arrangés pour que je ne sois pas au procès à Paris. Ils ont toujours soutenu que Massata Diack ne va pas venir. Le juge d’instruction lui-même a refusé de me donner l’ordonnance de renvoi, l’accès au dossier pénal. J’ai reçu le dossier pénal à une semaine du procès. Mes avocats Me Antoine Beauquier et Me Marie Sophie Goldschmidt ont dû insister au près du tribunal pour avoir accès au dossier. Quand on a refusé à mes avocats ma demande de renvoi lors de l’audience, j’étais obligé de faire avec les moyens du bord. J’étais obligé de parler à mes avocats au téléphone pour leur donner des éléments à quelques heures de leurs plaidoiries. Mes avocats qui ont suivi le dossier depuis le début n’ont pas pu se déplacer à cause de la pandémie et la fermeture des frontières. Je veux nommer Me Aly Fall et Me Moussa Sarr. Donc si Moussa Sarr et Aly Fall étaient là, tout ceci serait considéré dans le dossier. Par exemple ils parlent de droits de télévision en Russie en disant qu’on a négocié à six millions d’euros. C’est faux. Les droits de télévision en Russie c’était un million 200 mille dollars.
Le rapport dit également que la télévision russe RTR n’avait pas les moyens de payer et il a fallu l’intervention du Président Poutine pour que le maire de Moscou casque la somme…. (Il me coupe)…
C’est du n’importe quoi ! C’est faux ! Ils ont payé 1million 200 mille dollars pour acquérir les droits de télévisions. Voilà ! Maintenant ce qui est du broadcasting hours ( Ndlr : Dans le domaine de la télévision et des télécommunications, Broadcasting signifie télédiffusion ou radiodiffusion), c’est huit millions 800 mille dollars et la contribution de la Russie était de 4 millions 900 mille dollars. Le reste c’est l’IAAF qui a payé ça à l’Eurovision pour la diffusion. Tout ça, est un coup monté. Quand j’entends certaines déclarations sur des ordonnances de renvoi en disant qu’on a conclu le dossier d’enquête de la commission rogatoire, ce n’est pas vrai. La commission n’a pas voulu étudier et considérer certains documents que j’ai mis à leur disposition. Rien que cela remet en cause toutes les accusations. J’aurais bien voulu que le procès se fasse avec les documents que j’ai soumis à la commission rogatoire. Ils n’ont pas voulu l’exploiter. Heureusement Me Beauquier était là-bas. Il n’était pas assez outillé mais il s’est défendu comme il le fallait. La procédure n’est pas encore terminée et je pense que les juges vont se ressaisir. Tous ces contrats, tous ces éléments prouvent la transparence dans le contrat avec VTB (Ndlr : Il sort encore une pile de documents qui approuvent ses dires. Nous avons consulté ces documents un en un.). Lamine Diack n’avait rien à voir avec ça. Ça ne le concernait pas. C’est moi qui avais signé ces contrats avec les différentes parties prenantes. Sur la base d’un mandat qu’ils m’ont donné pour agir au nom de Dentsu. Voici le mandat en bonne et due forme (Ndlr : Il brandit le document). Pour Valentin Balakhnichev, son rôle était bien défini depuis 2010. Il avait un mandat officiel pour négocier avec VTB. Le document est là signé par Lamine Diack (Ndlr : Il sort le mandat bien signé par Lamine Diack). A l’époque en 2010, il n’était pas encore trésorier. Donc il n’y a pas de conflit. Balakhnichev est un ancien vice-ministre des sports et il connait bien le sport russe. Il nous aidé à décrocher le contrat, il doit être rémunérer, l’agence intermédiaire SPORTIMA aussi doit être rémunérée, moi aussi qui représente Dentsu dois être rémunéré. Il n’y a rien d’illégal.
Comment le tribunal pourrait-il ignorer tous ces éléments sans en tenir compte pour des accusations aussi graves ?
J’ai donné tous ces éléments. Mais le tribunal n’en tient pas compte. Ils n’ont pas voulu les exploiter. Dans le dossier de l’AMA et dans celui de la commission rogatoire, tout y est. Le tribunal tenait coût que coût à boucler l’enquête. Ils ont fait semblant d’enquêter. Mais l’enquête en question était dirigée et biaisée.
Vous voulez dire que l’enquête est précipitée ?
Exactement ! Le vrai problème c’est qu’ils n’ont pas enquêté sérieusement et objectivement. C’est comme s’ils avaient un délai. Ils ont accéléré les enquêtes. C’est précipité. Ils ont reçu le dossier de dénonciation le 04 août 2015. En octobre 2015 ils ont ouvert une information judiciaire. C’est juste deux mois pour étudier un dossier aussi lourd, pour une enquête aussi volumineuse. Ils devaient voyager à Singapour au moins où ils disent que j’ai des comptes offshores. Il fallait aller en Russie, au Qatar et dans tous les pays où ils disent que j’ai négocié de contrats. Ils auraient dû prendre leur temps et bien enquêter. L’affaire Platini a pris trois ans d’enquête avant d’ouvrir une information judiciaire. Et pour Lamaine Diack c’est deux mois d’enquête. L’enquête a été bâclée. Et ils ont organisé des fuites dans la presse pour corser le dossier. Ils l’ont fait à dessein pour que je réagisse. Une enquête ne se fait pas par voie presse.
A suivre…
ABDOULATIF DIOP