(CHALLENGE SPORTS) – Le cinéma longtemps muet, a trouvé sa vie quand les voix ont commencé à résonner. Ces voix qui accompagnent et assaisonnent le spectacle ont alimenté le football durant des générations. Ces voix des reporters et commentateurs, ces poètes qui, depuis toujours, nous font vivre, quelques fois à des milliers de kilomètres, des matchs de foot avec chaleur et enthousiasme se servant de Vocables assez originaux.
Des vocables spécifiques liés à leurs inventeurs ou à des tournures imagées sont utilisés et font le délice de ces moments de radio et de télévision.
« Petit pont, grand pont, ces deux cousins ne servent pas ici à enjamber des cours d’eau mais décrivent avec poésie des gestes du rectangle vert. Une balle arrêtée, un but sont décrits avec d’autre mots. Vocables et autres termes que nous allons revisiter.
1.Corner à la reimoise
Le corner est cette balle arrêtée qui d’un coin du terrain est botté dans la surface de réparation. Pendant longtemps il est joué directement devant la cage et engendre des duels aériens et est souvent occasion pour marquer des buts.
Pour la première fois dans l’histoire, nous sommes en 1950, un joueur Raymond KOPA eut l’idée de ne pas le tirer directement mais de faire une passe à un partenaire. Just Fontaine justifiera des années après ce choix en disant » notre attaque était de petite taille environ 1,70m et les balles hautes ne nous arrangeaient pas, et comme on était de bons dribleurs nous avons procédé ainsi ».
Cette phase de jeu ne portera pas le nom de KOPA mais celui de l’équipe ainsi est né le corner à la reimoise.
Actuellement, les coachs à l’image de Guardiola insistant sur la possession font jouer leurs corners à la reimoise au lieu de vadanger le ballon dans la surface.
D’autres le considérant comme une occasion à exploiter pour marquer un but font jouer directement le corner avec des stratégies variées pour dérouter l’adversaire.
Mais de façon unanime le coup de pied de coin est devenu un moyen de grignoter des minutes pour l’équipe qui mène et qui joue la montre.
Et si on interdisait de jouer à la reimoise pendant les dix dernières minutes du match ?
2- Le Petit Pont
Action de faire passer le ballon entre les jambes de l’adversaire et de le récupérer le petit pont est aussi appelé dribble ultime. Il fait lever les foules et déclenche des Ola.
Les techniciens ont étudié cette action pour en faire une composante tactique. Ainsi, Jean Claude Lafarge disait: « Sur un petit pont, on peut casser une ligne et éliminer deux à trois joueurs. C’est une arme fatale dans les quarante derniers mètres. »
Ce geste osé peut déterminer, dans les minutes qui suivent, l’attitude de la victime qui peut être diminuée et agressive comme celle de l’auteur qui peut être plus confiant et plus entreprenant.
Le petit pont le plus célèbre de l’histoire du foot est celui réussi par Georges Best sur Johan Cruyff qui après ce geste leva les bras et manifesta comme s’il avait marqué un but, c’était le 13 octobre 1976.
Le petit pont le plus osé fut l’œuvre de Laurent Blanc devant sa ligne de but
Le petit pont le plus lourd de conséquence est celui de vikash Dhorasso au capitaine des bleus lors d’un entraînement c’était en 1999. Cela lui a valu une absence de cinq ans en équipe nationale. Dhorasso ne retrouvera les tricolores qu’en 2004.
3- Le grand pont
Le grand pont qui consiste à contourner l’adversaire d’un côté en faisant passer le ballon de l’autre est une forme de dribble sublime qui enthousiasme le public.
Plus technique que le petit, le grand pont nécessite davantage d’effort physique et de vitesse.
Pelé l’a recrée en feintant le ballon au lieu de le dévier. C’était face au gardien uruguayen qu’il avait mis dans le vent. On en a connu des spécialistes comme Georges Weah, Bergkamp, Roberto Carlos pour ne citer que ceux là.
4- Penalty à la Panenka
Lors de la finale de la coupe d’europe des nations ancêtre de l’Euro, la RFA fait face à la Tchécoslovaquie. Les tchèques mènent par 2 à 0 mais se font rejoindre par les allemands qui égalisent dans les dernières minutes.
Les prolongations ne donnant rien, place aux premières séances de tirs aux buts dans un tournoi majeur.
La Tchécoslovaquie a la chance après le raté de Hoeness de gagner si elle marque son tir.
Antonin Panenka est devant le ballon, tout le stade retient son souffle après le signal de l’arbitre Gonella. Sans élan, d’une pichenette sous la barre et au milieu du but, il trompe sepp maeïr. Les tribunes explosent et le monde du football reste incrédule devant cette façon d’éxecuter un penalty : la Panenka est née pour la postérité.
Parmi ses adeptes Frank Ribery qui marquera de la sorte son premier au Bayern, Zinedine Zidane qui le réussit en coupe du monde 2006 en finale face à l’Italie, Francesco Totti qui tire la plupart de ses penaltys à la manière du Tchèque.
5- But à la Madjer
Le 27 mai 1987 le FC Porto pour sa première finale de coupe d’Europe de l’histoire rencontre le mythique Bayern de Munich qui en est à sa cinquième. Les allemands mènent par 1 but à 0 et tiennent le match.
À la 79e minute l’attaquant du FC Porto reçoit le ballon qu’il laisse passer entre ses jambes, le reprend du talon du pied opposé et inscrit le but égalisateur.
Ce joueur qui a réussi ce geste « insensé » dans la surface de but adverse se nomme Rabah Madjer, il vient de créer « la Madjer » pour la postérité.
Beaucoup d’autres le tenteront après lui avec plus ou moins de réussite
D’autres expressions telles « une bicyclette », « une papinade », « un boléro », « un arconada » ont été utilisés quelques fois mais n’ont pas connu l’ampleur de leurs pairs pour plusieurs raisons.
Le football est un art, qu’il le reste parce qu’alimenté par la créativité et l’improvisation. Qu’il soit restitué par des orfèvres de la parole.
Serigne Fallou DIENG