(CHALLENGE SPORTS). Ancien journaliste sportif pendant plus d’une vingtaine d’années, Pathé Fall Dièye revient sur sa carrière de journaliste dont les Jeux Olympiques de 1972 qui ont beaucoup marqué sa carrière.
Ancien footballeur et ailier gauche de métier, l’ancien journaliste Pathé Fall Dièye a débuté sa carrière au Tropical Club de Saint-Louis, un club du quartier Sud de la ville de Saint-Louis. Une équipe formée par un groupe d’amis dans les années 1950 et dans laquelle a joué un autre journaliste en l’occurrence d’Abdoulaye Diaw.
Durant sa carrière, le journaliste a voyagé un peu partout dans le monde au service du sport sénégalais. Formé dans un premier temps comme enseignant, Pathé Fall Dièye a débuté sa carrière éducative en 1960 au moment où le Sénégal accédait à la souveraineté internationale. Pendant trois ans de1960 à 1963, il a formé beaucoup de cadres à Thiès et à Saint-Louis, sa ville natale. Visiblement passionné par le journalisme, il passe et réussit le concours au Studio Ecole de Maison Lafitte en France. Une école qui forme des journalistes pendant une période de deux ans. Dans cette école multinationale, les stagiaires de toute l’Afrique francophone nouvellement indépendante. Et il se souvient. « Dans cet établissement, j’ai rencontré beaucoup de camarades de nationalités différentes dont certains sont devenus des responsables dans leur pays. C’est le cas de l’Ivoirien Mamadou Soumaoro devenu par la suite Directeur général de la radio télévision ivoirienne (Rti) ou de Théodore Laclé, ancien ministre de l’Intérieur sous le régime du président Eyadéma», explique-t-il. Allant plus loin dans son explication, il souligne que cette école leur a ouvert à l’Afrique et « elle a favorisé l’intégration dans le continent ». Toutefois dans ses souvenirs, l’attentat et la prise d’otage d’un commando palestinien lors des JO de Munich a bouleversé sa riche carrière de journalisme.
D’un animateur de programme…
Après la formation, Pathé Fall Dièye entre à Radio Sénégal et a commencé comme animateur de programme d’émission. Puis, on lui a confié des responsabilités sur la chaîne nationale comme chef de service puis directeur des programmes dans un premier temps. Ensuite, il atterrit à la télévision en 1974 où il assure les fonctions de directeur des programmes pour remplacer le grand cinéaste Paulin Soumanou Vieyra qui assurait la direction de la télévision expérimentale. « Ce qui fut un grand honneur pour moi d’occuper cette fonction et cela pendant trois ans avec beaucoup de professionnalisme », note-t-il. Après avoir occupé le premier ce poste de la toute nouvelle télévision, Pathé Fall Dièye revient diriger la radio au cours de l’année 1977 jusqu’en 1979. Puis il sera appelé à la tête de la télévision qu’il dirige pendant trois ans. Avant de retourner à la tête de la Direction de la radio de 1982 à 1986.
… Au journaliste sportif chevronné.
Ces premiers contacts avec le journalisme sportif datent de 1963 lors des Jeux de l’Amitié. Alors enseignant dans sa ville natale, il a été coopté suite à un test comme reporter d’appoint pour venir à Dakar avec Ahmed Bachir Kounta pour couvrir les Jeux de l’Amitié.
Le sport, Pathé Fall Dièye le connaissait parfaitement. « Donc je suis venu à la radio, c’était naturel que je parle du sport dans mes émissions surtout que j’avais une bonne culture sportive (athlétisme, basket et surtout le football) » dit-il. Celui qui a évolué à …Manchester United, une équipe « Navetane » de Saint-Louis, est né dans la même rue que le défunt entraîneur des « Lionnes » de basket-ball Babacar Guèye dit Mbaye et l’athlète Abdou Sèye. En à croire M. Dièye, entre 6 et 15 ans, sur la rue Potin au quartier Nord de Saint-Louis, ils pratiquaient déjà tous les sports. « Ma culture et mes compétences de radio ont beaucoup aidé mon ouverture d’esprit au contact des autres reporters avec les regrettés Allé Ndao, Adama Diakhaté, mais aussi les Bachir Kounta, Golbert Diagne, Magib Sène, Balla Bass Diallo, Sa Thiombi Diop de Kaolack et autres comme Abdoulaye Diaw. Ils assuraient tous leur responsabilité surtout le week-end. « Je vais vous faire une confidence, avec tous les postes de responsabilité que j’ai occupés à la radio et à la télévision, c’est le sport qui m’a révélé au monde. Et pourtant le sport ne tenait pas plus de 40% de mes activités professionnelles. Je suis plus connu comme sportif. C’est lié à la vitalité et à la force du sportif et de son audience ».
Munich et Bamako inoubliables
Dans sa vie professionnelle, deux événements vont le marquer à jamais. Le premier qui a marqué le doyen Dièye, c’est sans doute les Jeux Olympiques de Munich en République fédérale d’Allemagne. Au cours de ces Olympiades, notre interlocuteur souligne qu’il a été marqué dans un premier temps par l’organisation puis l’attentat perpétré par un commando palestinien. Pour le premier événement cité, il explique que c’est à cette occasion que la dimension du sport universel a éclaté à ses yeux tant dans son organisation que son rôle fondamental dans la vie des sociétés. « Nous étions plus de 2000 journalistes accrédités et avions toutes les informations pour une bonne couverture médiatique au départ de nos pays avec l’ensemble des documents jusque dans les menus détails comme le numéro du bâtiment administratif et escalier que je devrais emprunter », laisse entendre Pathé Fall Dièye. Très séduit par l’organisation allemande, l’ancien Directeur de la télévision et de la radio sénégalaise poursuit ses propos : « J’ai été abasourdi quand j’ai ouvert ma chambre d’hôtel et découvert entre deux fleurs une note : bienvenue Monsieur Dièye ».
Toujours à Munich, l’autre fait majeur qui a bouleversé la vie professionnelle de Pathé Fall Dièye, c’est l’attentat du commando palestinien contre la délégation israélienne. « L’attentat est survenu au moment où on allait au stade et j’ai senti beaucoup de tristesse », se rappelle-t-il. Mais en bon professionnel des médias, le doyen Dièye se précipitait pour être bien informé ensuite tenir au courant les Sénégalais sur cet incident douloureux qui a frappé le monde du sport. « J’envoyais l’information en temps réel à Dakar », renchérit-il sur cet événement. Toutefois, il a salué le sang-froid des autorités allemandes qui sont allées jusqu’au bout. « Pour les Allemands il ne fallait pas arrêter les Jeux mais aussi tout faire pour libérer les otages. », dira-t-il. Ces moments vécus dans le feu de l’action ont fait naître chez notre interlocuteur un peu d’humilité et de tolérance durant sa vie.
Toujours dans le lot des souvenirs, les événements d’un match joué à Bamako entre l’Asfa et Djoliba à l’époque dirigé par un capitaine exceptionnel de l’armée Tiekoro Bakhayoko. Celui que M. Dièye considère comme un « passionné à la folie » ne restait jamais sur son banc de touche. « Pour haranguer ses joueurs et donner des consignes, il faisait le tour du stade et ce jour-là, il a fini par créer un scandale », se rappelle l’envoyé spécial de Radio Sénégal à cette manifestation. « Lorsque le stade fut envahi par les spectateurs, nous n’avons dû notre survie que grâce au courage de certains dirigeants maliens qui nous ont protégés », regrette Pathé Fall Dièye. D’ailleurs, se rappelle-t-il, toute la délégation sénégalaise a passé la nuit au domicile de l’ambassadeur du Sénégal Moustapha Cissé de Louga avant que le président Senghor ne mette un avion à la disposition de la délégation sénégalaise.
KANGHE NDIAYE