Suite dernier entretien avec feu Pape DIOUF: « La seule chose dont je m’étais fixé, c’était de réussir ce que j’avais à faire. »

Entretien réalisé par Abdoulatif DIOP

(CHALLENGE SPORTS). Dans ce deuxième jet de la dernière interview à bâtons rompus avec feu Pape DIOF, l’ancien dirigeant de l’OM revient sur sa gestion à la tête de l’Olympique de Marseille de 2004 à 2009.

Est-ce que vous vous attendiez à faire autant d’années à Marseille ?

Je crois que ce serait une grande présomption de dire que je m’attendais à faire autant d’années à Marseille. Ce serait une grande prétention à mon avis. Quand on connait l’histoire de Marseille, on ne peut pas penser rester cinq ans à la tête du club. Donc au moment où j’arrivais au club, mon credo était de me faire une religion que quand on travaille à Marseille, on doit faire comme si c’était le dernier jour. Donc je n’avais pas d’ambitions dans la durée, je ne m’étais pas fixé des échéances. La seule chose que je m’étais fixé, c’était de faire de mon mieux pour réussir ce que j’avais à faire.

D’aucuns disent que votre départ était lié à un putsch orchestré par Jean-Claude Dassier ?

Non ! Les gens parlent comme ça. Ceux qui disent cela ne connaissent pas la réalité de la situation.  Moi, je m’en limite à ce que je dis depuis le départ. En un moment donné, il y a eu simplement une mésentente, ce sont des choses qui arrivent. Restons sur le communiqué final qui avait été donné, à savoir qu’il y avait eu des divergences de vue entre moi-même et l’actionnariat principal et en un moment donné, il y a dans des collaborations des divergences de vue. Et en un moment donné, il faut envisager la séparation. Ce qui s’est passé maintenant, je n’ai pas trop envie d’entrer dans les détails. Et je ne pense pas que ça ajoute quelque chose au débat.

Et pourtant Jean-Claude Dassier avait, à l’époque, loué vos compétences allant même jusqu’à dire que vous ne méritez pas de critiques…

(Il hésite un peu en hochant la tête…) Franchement je ne m’arrête pas à ça. Dassier est libre de ses commentaires. Pour être apprécié en tout cas, je n’attends pas que Dassier dise quoi que ce soit sur moi. Je lui donne acte de ses propos. Je crois que si un brevet d’honorabilité devait m’être donné, ça allait être fait par le public, par les professionnels, par le Marseille profond. C’est comme ça que je vois les choses.

Est-ce que vous n’êtes pas parti en restant sur votre faim. En regrettant de partir sans remporter un titre significatif à Marseille ?

« Nous avions mis en place des structures et nous avions permis aujourd’hui au club d’être assez pérenne et les résultats d’après ne sont pas étrangers à tout ce qui avait été fait précédemment. »

Non, parce que le travail que je faisais, c’était un travail de longue haleine. En cinq ans j’ai rétabli les finances du club. J’ai pacifié le stade en rapprochant tous les groupes de supporters entre eux, en rendant aussi beaucoup plus fluides les relations entre les supporters et le club. Le club était redevenu présent et revenu dans toutes les instances nationales et internationales. J’avais participé aux travaux du G14 tant que cet organisme existait, j’avais fait partie du conseil d’administration de l’UCPR, j’avais fait partie des membres du conseil d’administration de la Ligue et du bureau de la Ligue, donc le club se retrouvait aux premières loges des centres de décisions. Financièrement je l’avais dit, nous avions rétabli les choses. L’équipe avait participé pendant deux années successives à la Champions League, la progression était constante et à partir de là, je n’ai pas de regret particulier. On avait failli remporter la Coupe de France, on avait perdu le titre de Champion sur un dernier coup de dé en 2009. Donc, je ne pense pas que c’est à cette aune-là qu’on juge le travail de quelqu’un. Il y a des gens qui ont gagné des titres et quelques années après, ils ne sont plus présents sur la scène ou bien n’ont laissé aucune œuvre. En tout cas je tire un chapeau à l’équipe que je dirigeais. Nous avions mis en place des structures et nous avions permis au club d’être assez pérenne et les résultats d’après n’étaient pas étrangers à tout ce qui avait été fait précédemment. La preuve, c’est que l’ossature dont disposait l’Olympique de Marseille après mon départ, c’était un peu celle qui prévalait déjà lors des dernières saisons.

Après votre départ de l’OM, certains vous annonçaient au secrétariat d’Etat des sports en France.

On m’a annoncé partout. On m’a annoncé là-bas, on m’a annoncé à la Caf, on m’a même annoncé dans certaines grandes administrations françaises. Mais je pense que c’est une manière que les gens ont eu de me rendre grâce, je l’interprète comme ça, et de témoigner en quelque sorte de la compétence qu’ils me reconnaissent. Je prends ça comme tel. Même si effectivement, j’avais été approché par un certain nombre de projets qui ne sont pas forcément les projets pour lesquels on m’avait convoité.

« On m’a approché pour des projets intéressants et je suis en train de réfléchir. »

Quels sont ces projets ?

Ho ! Je n’ai pas besoin de le dire. Cela me regarde. Mais il faut tout simplement retenir qu’on m’a approché pour des projets. Certains me paraissent intéressants, pour d’autres je n’ai pas voulu m’engager parce qu’il va falloir que je sois beaucoup plus jeune encore, dix ans ou quinze ans de moins. Et d’autres aussi, je suis en train de réfléchir.