(CHALLENGE SPORTS). « Je suis fier de ce que j’ai fait», résume Souleymane Camara au faîte d’une carrière de footballeur remplie. A 37 ans, l’attaquant racé sénégalais ne portera plus le maillot de Montpellier. Il ne va plus célébrer ses buts avec cette poussée silencieuse et discrète qu’on lui connaissait.
Pourtant, il a empilé les buts avec le club Héraultais dont il est le recordman de matchs joués (433). Mais pas que ça. Puisque Souleymane Camara est un exemple de régularité, mais aussi d’endurance. L’histoire de P’tit Jules est gravée dans le marbre et à jamais, il marquera ce club comme son défunt Président Louis Nicollin qui vouait au jeune sénégalais un amour filial.
Ce jour-là, c’était un match de Coupe de France, comme cette grande dame convoitée sait en donner. Souleymane Camara entre en jeu contre Caen (5-0), le 19 janvier dernier. P’tit Jules que l’on accusait de manquer d’ambitieux de ne pas être pétaradant et extraverti comme ses collègues footeux dépasse Pascal Bails en s’emparant avec une humilité déconcertante du record de matchs disputés sous le maillot de Montpellier. Souleymane Camara a finalement porté ce record à 433. Ce n’est pas la seule trace qu’il laissera. Avec 76 buts inscrits pour le club héraultais, le Sénégalais est le 2e meilleur buteur de l’histoire du club, derrière un certain Laurent Blanc (84). Mais vu que le champion du monde 1998 a connu plusieurs années en Deuxième Division, Camara est le meilleur buteur du club en L1 (52 buts).
A Montpellier, les dirigeants lui préparent une statue, juste une forme de reconversion dans le milieu du foot et on lui a donné le délai de deux mois pour réfléchir sur ce qu’il doit faire à l’avenir pour le club. Histoire de rendre la monnaie à la pièce à ce buteur surnommé «Camaradona» ou «Supersub» par les suiveurs de Montpellier.
En sélection sénégalaise par contre, il n’a jamais su montrer tout son potentiel mais il a insufflé à ses coéquipiers des comportements nobles d’un homme qui n’utilisait jamais un mot plus haut que l’autre. D’un footballeur qui pouvait vivre sa foi et pratiquait sans excès sa passion. D’un homme courtois et civilisé, un patriote engagé et utile. Un homme plein de bonté tout simplement.
C’est pourquoi, le plus bel hommage est venu d’un autre sage de la sélection nationale Omar Daf. A Montbélliard, Omar est un phare, une référence pour beaucoup de jeunes. Alors quand lui se permet de témoigner si sincèrement sur son petit-frère, cela ne fait que renforcer l’estime et le respect des Sénégalais envers P’tit Jules. « C’est mon sage à moi. Je m’inspire beaucoup de lui dans tous les domaines : humain, religieux et footballistique. J’échange beaucoup avec lui, même s’il est plus jeune que moi. Nous sommes des musulmans, la foi a une part importante dans notre vie. J’ai partagé la chambre avec lui en sélection, je peux vous dire que c’est mon sage », avoue l’immense Omar Daf. Alors là respect Souleymane Camara, « l’homme bien » qui a supplanté le footballeur. Même si sa carrière n’a pas atteint les cimes en sélection, son nombre de capes 27 est en deçà de son talent de buteur célébré dans l’Hérault. Souleymane Camara a démarré sa carrière internationale à l’âge de 19 ans en 2002 avant de prendre sa retraite en 2012. Il a inscrit 7 buts avec les Lions. Pour un buteur de sa trempe, c’est la seule tâche à une carrière XXL d’un P’tit non d’un grand Jules.
FALLOU GALLAS GAYE
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