(CHALLENGE SPORTS). Il faisait partie du trio entraîneurs de la campagne de la Coupe d’Afrique de Asmara 68, avec Lamine Diack, Feu Mawade Wade, Joe Diop, alors coach du COT y garde des souvenirs impérissables. Le technicien thiessois connu pour ses idéaux marxistes, léninistes, Maoïste est l’un des théoriciens du foot sénégalais dont la vie se conjugue avec le football.
Flash-back. C’était le 22 décembre 1966. Un séminaire de techniciens qui se tient au stade Iba Mar Diop, consacre Lamine Diack (Foyer France Sénégal), Mawade Wade (Reveil de Saint-Louis) et Joe Diop (COT) comme entraineurs de l’équipe nationale du Sénégal. Joe Diop est revenu au Sénégal en 1964, auréolé de titres académiques et de formations à la Française en Education physique et sportive glanées dans les instituts réputés parisiens. Il a quelques idées vagues du football local, mais s’échine à jouer la ligne dans son club thièssois du COT. Un système de la défense en ligne inspiré de la Hongrie des Puskas, Koccis, mais aussi du Racing Club de Paris de Pierre ¨Pibarot. Ça tombe bien, milieu de terrain offensif à Paris Joe Diop a joué en amateur sous la direction de son pygmalion Pierre Pibarot. Qui a eu une influence certaine dans sa future reconversion en tant que coach.
Lui qui a passé ses diplômes d’entraineur avec des personnages réputés du foot français Robert Herbin (Saint-Etienne), (Jean Pierre Morland). La ligne de défense, c’est ce qui a fait, le bonheur du COT et il mène le club thièssois en finale de la Coupe du Sénégal en 1962 contre l’Us Gorée. «A cette époque déjà, je suis passé du 4-2-4, au 4-3-3 avec une défense de zone utilisant la loi du hors-jeu, qu’on appelait la ligne. Je n’ai jamais cessé de suivre l’évolution du foot mondial singulièrement la Hongrie, ensuite il y a eu Anderlecht, il y a eu l’inoubliable et l’incontournable du football alimenté par François Thébault et Makhfouz Faouzi qui alimentaient le miroir du football » ; explique Joe avec force gestuelle, dans cette place publique en face de la Porte Principale du Lycée Malick Sy de Thiès où il a ses habitudes. Joe Diop qui abhorre parler de son âge est vêtu ce jour-là d’une tunique sahélienne et porte des lunettes noires qui lui mangent le visage.
Dans ce système de jeu, expérimenté localement à travers l’équipe du COT des années ; le technicien Joe Diop connu pour ses idées révolutionnaires a su compter sur des joueurs futés comme Bouba Diakhao, Bouba Sow dans l’axe, Lamine Sano, Ousmane Samb, Tony en attaque, au milieu de terrain Fadel Fall, Ciré, il y a eu Oumar Bâ dit Perruque arrière gauche, «ce tout globalisé qui parlait le même langage, référentiel à travers un jeu collectif dans lequel, tout un chacun pouvait s’épanouir», argue Joe Diop.
Une expérience de la défense en ligne qui procure de belles joies des années 1967-1968, à travers l’équipe nationale de football du Sénégal et son trio d’entraineurs source de bonheur, d’espérance et de conquête. Puisque l’équipe du Sénégal démarre le tournoi final de la Coupe d’Afrique à Asmara (Erythrée), il doit affronter le Ghana, les deux Congo. Opposés aux Ghanéens dont, les Lions du Sénégal dont la défense en ligne est très sûre fournissent un festival offensif, et remporte grâce à un but de Yatma Diop qui semble sceller le sort de la partie (2-1), mais une glissade de Issa Mbaye et une faute de main d’Amady Thiam permettent aux Ghanéens de sauver la mise en égalisant (2-2), deuxième rencontre le même Yatma Diop et Yatma Diouck assurent le succès face au Congo Brazzaville (2-1), malheureusement le dernier match du Sénégal face au Congo Kinshasa s’achève sur un drame, alors que le Sénégal mène 2 buts à 1 et que les jeux sont faits, la qualification en demi-finale est dans la poche. A la suite d’un coup de pied de coin Amady Thiam le portier sénégalais saisit le ballon, mais croyant à tort à une faute congolaise sifflée, il le relâche, Kidumu du Congo envoie le ballon dans les filets. Amady Thiam abasourdi, fond en larmes. Malgré son style de jeu novateur, le Sénégal sort par la petite porte. Des années plus tard, Joe Diop technicien sur le banc à l’époque n’en revient pas. «Ce n’était pas de la malchance, nous avions fait de très grands matchs contre le Ghana, mais nonobstant l’élimination, nous avions frayé une voie pour le foot sénégalais en montrant nos capacités inventives et créatives à travers notre équipe nationale à partir de l’apport du 4-3-3 et l’utilisation très intelligente de la loi du hors jeu», certifie –t-il. Surtout qu’après l’expédition sans succès de la campagne de Asmara 68, les techniciens sénégalais sont remerciés au cours d’une rencontre avec le ministre des Sports. Puisque la bande des trois est démantelée après la nomination de Lamine Diack, comme secrétaire d’Etat chargé du Sport. Ces années 60 là jusqu’à 68, Joe Diop cite pêle-mêle, Yatma Diouck, Pelé, Louis Camara (pour son jeu, il pouvait allier jeu court, jeu long), Louis Gomis (Travailleur au milieu de terrain) Fadel Fall (Très bon joueur), Momar Thioune, Yatma Diop entre autres comme des joueurs qui l’ont marqué.
Joe Diop, c’est aussi le compagnonnage avec le défunt technicien saint-louisien, Mawade Wade avec lequel, il avait des affinités affirmées. Il dit : «Mawade est un patriote, un panafricaniste issu de l’intention des peuples d’Afrique à en finir l’ordre capitaliste néo-libérale/ Ma était un militant révolutionnaire marxiste léniniste maoïste, la preuve il était l’un des premiers militants du PAI (Parti africain pour l’indépendance de Majmouth Diop), nous avions une complicité idéologique Mawade et moi. Jusqu’à présent je crois en cette conception de la vie.»
Après un long silence et un break, liés à la campagne de Asmara 68, Joe Diop voyage en France et en Hongrie. Quand il revient, il devient l’éphémère coach du Sénégal en 1973 grâce à Lamine Diack qui le nomme à ce poste. L’expérience fait partie des mauvais souvenirs de Joe Diop. Qui préfère par la suite se consacrer à la formation des cadres techniques sénégalais…notamment les entraineurs sénégalais en devenir. Façon pour lui de transmettre son «immense» savoir.
EQUIPE TYPE DE ASMARA 68 :
Hamady Thiam, Louis Camara, Yerim Diagne, Issa Mbaye, Louis Gomis, Moustapha Dieng, Diongue, Petit Guèye, Yatma Diop, Pape Mbaye, Yatma Diouck,
Joe Diop parle des déboires de Lamine Diack en France
«Pour moi, la culture humaine, c’est la reconnaissance de l’autre, des autres en soi. On ne devient humain qu’en créant un monde uni. L’éducation est une socialisation dans sa diversité sociale. Lamine Diack est une référence éthique, culturelle, morale. Mais comme disent les Wolof : «Baye dou Dom et Dom dou Baye » (Un père n’a d’égal que son fils, un fils n’est pas l’égal de son père). Ce qui s’est passé, je ne le sais pas, mais de telles accusations ne peuvent nullement condamner Lamine Diack. Le seul critère de la vérité, c’est la pratique sociale dans sa diversité.»
Fallou Galass GAYE
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