(CHALLENGE SPORTS). Le football sénégalais a connu son traversé du désert. Avant le retour à peu près régulier des Lions sur la scène internationale, le football sénégalais a beaucoup galéré sur le terrain. Après Asmara 1968, le Sénégal peinait à relever la tête de l’eau. Le pays de la téranga est resté dix huit ans sur la touche sans participer à une CAN. La pire période de galères dans l’histoire du football sénégalais. Le doyen Mamadou KOUME ancien journaliste sportif au SOLEIL, au SPORTIF a été un témoin privilégié du foot sénégalais dans son évolution depuis l’indépendance. Ancien Directeur des Etudes du CESTI, ancien DG de l’Aps et ancien Président de l’Association de la presse sportive au Sénégal de (ANPS), il donne son OPINION CONFRATERNELLE.
Cette période est marquée par des contre-performances. L’équipe nationale de football du Sénégal n’arrive pas à accrocher une qualification en CAN. Elle échoue régulièrement face aux sélections du Nord comme l’Algérie, le Maroc ou la Tunisie. En Afrique subsaharienne, le Nigeria, la Guinée et le Ghana ont été des obstacles permanents.
Et pourtant, les compétitions étaient d’un niveau très élevé. Le Sénégal se bataillaient ferme avec ces talents de l’époque, mais la route n’arrivait jamais à se dégager. Et le format de l’époque n’arrangeait point les choses. En Coupe d’Afrique des Nations, ne se qualifiaient que sept pays auxquels vient s’ajouter le pays organisateur.
Les clubs sénégalais ne tiennent pas la route en Afrique. Le Jaraaf archi dominateur au plan local ne faisait même pas illusion en Afrique. Les « vert et blanc » se faisaient stopper net au premier ou au deuxième tour.
La pire période de galères pour le football sénégalais. Elle ne prendra fin que le 1er septembre 1985 avec la qualification à la CAN 1986 en Égypte. Ce soir du premier jour de septembre au stade Demba Diop, un certain Jules François Bocandé est venu porter son pays sur ses épaules pour offrir la qualification à ses compatriotes après dix-huit ans de disette en claquant trois buts face au Zimbabwe de Maparutsa.
Et pourtant, pendant cette période de galères, le football sénégalais a produit de brillants joueurs. Les Boubacar Sarr Locotte, Mbaye Fall, Grand Mbodj, Thierno Mboup, Badou Gaye, Christophe Sagna, Ibrahima Ba Eusebio, Oumar Diop étaient des individualités qui valaient les meilleurs Africains de l’époque. Seule Locotte a pu échapper et participer à la renaissance du football sénégalais au Caire 86. Mais la plupart de ces joueurs ont tenté l’aventure et sont allés jouer en France.
Après la déconvenue de Asmara 68, les autorités sportives ont décidé de réformer le fonctionnement du football sénégalais pour se donner des ailes. C’est ce qui a amené la réforme Lamine Diack de 1969.
La réforme Diack est intervenue lors de la saison 1969-70. L’objectif premier déclaré, était de mettre fin à l’éparpillement des clubs, unifier les forces et faire de fortes entités.
A mon avis, une autre raison explique la réforme. Elle est politique, le Président Senghor a vécu une humiliation un jour à Kinshasa où l’équipe nationale du Sénégal a été battue 4-0 par son homologue du Congo Kinshasa, c’était en 1969.
Ce match a eu lieu en présence de nombreux chefs d’Etat. Et cela aurait vexé le Président et au retour, il a demandé qu’on trouve des moyens de renforcer le football sénégalais.
Mais cinquante ans après, le bilan de cette réforme est mitigé. C’est simple à prouver, aucun club sénégalais n’a jamais remporté une coupe continentale. Le seul parcours glorifiant du football sénégalais sur le plan local est la place de finaliste en coupe de la CAF de la Jeanne d’Arc de Pape Malick DIOP en 1998 dirigée à l’époque par feu Omar Seck. C’est cette même JA qui a réussi également la prouesse de jouer les phases de poule de la ligue des champions africaine en 2004 si mes souvenirs sont exacts. Depuis lors, notre football local est dans une mauvaise passe en dépit de la tentative de professionnalisation entamée en 2009.
Mamadou KOUME
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