(CHALLENGE SPORTS). « L’échec est sportif et la responsabilité de l’entraîneur n’est pas contestable », avait déclaré Me Augustin Senghor, le président de la Fédération Sénégalaise de Football, au lendemain de l’étonnante élimination du Sénégal dès le premier tour de la Can 2012 au Gabon et en Guinée Equatoriale.
La surprise était d’autant plus grande que le Sénégal d’Amara Traoré était en terre d’Afrique centrale dans la peau d’un sérieux prétendant au sacre ultime. En effet, à la faveur d’une équipe qui a retrouvé une forme olympienne depuis son arrivée à la tête de la sélection, les spécialistes s’accordaient sur la qualité du groupe dont disposait le technicien, et la manière dont son équipe jouait.
Le 15 décembre 2009, Amara Traoré est nommé sélectionneur du Sénégal, avec Abdoulaye Sarr et Mayacine Mar en tant qu’adjoints. Mais à cause d’une CAN ratée, il est démis le 7 février 2012.
Amara se qualifie à la CAN sans la moindre défaite, dans une poule où il jouait contre la Rdc de Robert Nouzaret et Claude Leroy, la grande équipe du Cameroun, ainsi que les modestes mauriciens. Une équipe invincible, qui a marqué 10 buts et n’en a pris que deux buts dans le même match (victoire 2-4 à Kinshassa).
Mais le sélectionneur national est tombé de haut. Dans une CAN sans le Nigéria, le Cameroun, l’Egypte, l’Algérie, la Rdc et l’Afrique du Sud tous champions d’Afrique, la route semblait bien balisée pour le ce Sénégal-là. Amara Traoré, avec une défense en béton composée de Lamine Sané et Cheikh Mbengue sur les flancs, de Souleymane Diawara et Kader Mangane dans l’axe, un milieu de terrain avec Remi Gomis et Mickael Tavarez qui font un travail magistral, l’équipe faisait fière allure. Une élimination consécutive à trois défaites de rang sur le même score (2-1), contre la Zambie d’abord, la Guinée Equatoriale ensuite, et la Libye en dernier match. Rationnelle ou irrationnelle, l’un des favoris de cette CAN 2012 a concédé la claque.
La recette de Traoré qui a fait fureur était le 4-4-2 qui avait tout d’un 4-2-4 assez audacieux et ambitieux. Sauf qu’on ne change pas une équipe qui gagne. La victoire probante en terre congolaise 2-4, le succès in extremis contre le Cameroun à Dakar avec un but de Demba Ba dans les ultimes minutes de jeu ainsi que le point glané à Yaoundé malgré un arbitrage calamiteux de l’angolais Mr. Helder de Carvalho, avaient fini de donner au Sénégal d’Amara Traoré l’image d’un invincible.
Seulement voilà, cette période de grâce a peut-être été le gros handicap du Sénégal. Amara Traoré ne s’est jamais rendu compte du déséquilibre énorme dont souffrait son groupe. L’équipe a été en roue libre pendant les éliminatoires, sans pour autant avoir eu des soucis sur le plan tactique. Les 7-0 à Dakar contre l’Île Maurice avait fini de donner à cette équipe l’image d’une tornade qui allait s’abattre sur ses adversaires.
Mais rien qu’en regardant de près ce groupe Sénégal parti en CAN, on se rend compte que cette équipe allait être très vulnérable pendant ses phases défensives et risquait d’exploser en plein vol, tellement elle était hétérogène, avec 8 défenseurs, seulement 3 milieux de terrains (Rémi Gomis, Mohamed Diamé, Nguirane Ndaw) et 8 attaquants. Dans les trois matchs qu’il perd à la CAN 2012, l’équipe a été à visage découvert au milieu de terrain, avec une pléthore d’attaquants qui ne pensaient qu’à remonter le score, et un repli des joueurs de couloirs inexistant dans les phases défensives quand l’équipe n’avait pas la balle. Amara a survolé les éliminatoires avec son bateau, mais il a connu un naufrage collectif dans les eaux troubles de Bata.
ADAMA NDIONE
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