EXCLUSIVE ! Papa Massata Diack : « Pourquoi je me suis retrouvé dans ce dossier judiciaire de l’IAAF… »

INTERVIEW EXCLUSIVE RÉALISÉE PAR ABDOULATIF DIOP.

(CHALLENGE SPORTS). Le dossier IAAF semble lourd. Très lourd. Massata Diack l’a bien compris. D’un simple conseiller en marketing, il se retrouve au cœur du procès IAAF. PMD explique dans cette partie pourquoi il s’est retrouvé au cœur de ce dossier judiciaire.

Papa Massata Diack au cœur du procès IAAF.

On vous accuse également de vous mêler dans le dossier du dopage alors que vous étiez préposé au marketing. Quelles étaient vos prérogatives ?

Je vous ai bien dit que j’étais conseiller au marketing de l’IAAF. Je suis certes le fils du Président mais j’habite Dakar. Je suis sénégalais et non monégasque. Je ne suis pas non plus employé de l’IAAF. Il faut que ça soit très clair. Ma société est de droit sénégalais et existe depuis 1997. A ce moment, Lamine Diack n’était pas encore Président de l’IAAF. J’ai fait 25 ans dans le marketing sportif. Pourquoi je me suis retrouvé dans ce dossier ? J’allais en Russie et je connais bien ce pays. C’est moi qui ai rapporté ce contrat avec VTB qui date de 2007. Au moment où je signais ce contrat avec VTB, l’IAAF n’avait que des sponsors japonais. Sur les huit partenaires de l’IAAF, six étaient japonais. Seuls Coca-Cola et Eurovision étaient américain et européen. Au mois d’août 2006, Pierre Weiss (Ndlr : Secrétaire Général de l’IAAF en 2006) donne mandat à des membres du conseil, une liste dressée par Papa Diack pour qu’on se rapproche des sociétés et trouver un partenariat. A l’époque, il n’y avait même pas VTB. C’est moi qui l’ai démarchée. C’est un pays pour lequel j’ai reçu mandat de prospecter. Tout comme au Qatar, même chose à Abu Dhabi, au Japon, en Corée du Sud et au Mexique.

En quoi Pierre Weiss pourrait-il être impliqué dans le dossier pénal en tant secrétaire Général de l’IAAF ?

Suite à cet article du Daily mail de juillet 2013, nous avons pris panique car cette information a complétement chamboulé nos plans à quelques trois semaines des championnats du monde à Moscou. On avait peur pour la vente des tickets. Monsieur Nick Davies (Ndlr : ancien Secrétaire Général adjoint de l’IAAF et bras droit de Sebastian Coe) dont je ne vois nullement son nom dans le dossier pénal. Et pourtant, il en est l’instigateur. C’est lui qui m’a demandé de calmer la presse anglaise. Et qu’on essaye de temporiser cette tempête médiatique. C’est lui qui m’a révélé la liste des athlètes russes suspectés de dopage. J’en ai fait cas à la commission d’éthique, mais Hooper en a fait obstruction parce que c’est un anglais. Tout ça, est manigancé en interne à l’IAAF. Lamine Diack a été trahi sur toute la ligne. Tous les anglais travaillaient pour la candidature de leur concitoyen Sebastian Coe. Ils voulaient tous gêner la commission d’éthique gérée par un anglais et à partir de son cabinet. Et tout ceci, c’est à cause du soutien de Lamine Diack à Serguei Bourka (Ndlr : un ukrainien membre de CIO, ancien vice-président et ancien candidat à la succession de Lamine Diack à l’IAAF). Je devais aller en Russie. Lamine Diack m’avait demandé d’aller remettre une lettre à Monsieur Valentin Balakhnichev pour essayer de résoudre ce problème qui était très sérieux à quelques jours des championnats du monde. Pire, on évoquait même l’annulation des mondiaux. Sebastian Coe a même offert ses services avec sa société CSM Sports And Entertainement. Le mail d’échanges a été déposé dans le dossier de la commission rogatoire, mais il n’a été nullement inquiété. Il ne parle que le mail que j’ai envoyé à Lamine Diack, mais pas de celui du 19 juillet, 25 juillet et du 15 août. Coe a envoyé beaucoup de mails l’impliquant dans le dossier pénal. Tous ces mails sont dans le dossier mais Sebastian Coe n’a jamais été cité ou appelé à comparaitre.

En parlant de Valentin, est ce qu’il vous a réellement remis de l’argent que vous devriez remettre à votre tour à certains officiels de l’IAAF pour les corrompre ?

Jamais ! Ce sont des balivernes ! Valentin est un homme très respecté et respectable. Il a été Président de la Fédération russe d’athlétisme pendant presque quinze ans. Il a été vice-ministre de sport aussi en Russie. Je le connais depuis 2003. C’est une personne très intègre. Il m’a invité personnellement en Russie plusieurs fois. Il est membre du conseil depuis 2007. Il a été également trésorier de l’IAAF. Un homme qui n’est pas crédible ne peut pas être trésorier de l’IAAF. Valentin était en face d’une situation à laquelle ses entraîneurs faisaient du racket à ses athlètes. Alexis Milnikov demandait de l’argent aux athlètes pour leur promettre une non suspension. Aucun athlète russe ne m’a remis de l’argent encore moins Valentin Balakhnichev pour corrompre qui que ce soit. Dans le dossier pénal, le tribunal dit que j’ai reçu des virements dans des comptes offshores à Singapour. Ce sont des allégations. Ils n’ont aucune preuve. Ils ne peuvent pas du tout montrer un seul document qui prouve un mouvement d’argent à mon nom dans un compte offshore. On en est au tribunal correctionnel. En droit pénal il faut venir avec des preuves. Les soupçons, les charges, les approximations, les hypothèses ne peuvent pas inculper. Il n’y a aucune preuve de virement dans mes comptes. Valentin n’est pas aussi fou pour me remettre de l’argent sans raison. La société de Valentin New Mills et Pamodzi travaillent ensemble depuis 2007. Il y a eu des flux financiers par virement entre nos deux sociétés avec la plus grande transparence. Dire que nous avons cherché à dissimuler des cas de dopages, c’est de la pure accusation mensongère. C’est le plus gros mensonge dans l’histoire mondiale du sport. Je l’ai dit à vos confrères de L’EQUIPE en 2016. Vous voyez Lamine Diack avec son intégrité et son parcours professionnel avec 36 ans à l’IAAF se mêler dans ces histoires de corruption à plus de 80 ans ? C’est du n’importe quoi. C’était dans leurs fantasmes. Ils voulaient juste noircir son bilan élogieux.

Pourquoi vous Papa Massata Diack qui avez votre société, qui faites des prestations, qui êtes payé par l’IAAF, vous êtes mêlé à ce scandale présumé ?

Parce que je suis le fils du Président ! Et il fallait nuire à Lamine Diack, le détruire et saboter son bilan à l’IAAF. Ils voulaient l’effacer des tablettes du sport mondial, de l’athlétisme en particulier. Les anglo-saxonnes lui en veulent pour avoir fait voter en Afrique le transfert du siège de l’IAAF de Londres à Monaco en 1993. Je connais bien l’IAAF. J’ai fait mon stage là-bas en 1989 pendant deux mois. En 1993 les britanniques ont perdu le siège de l’IAAAF au profit de Monaco. Mais personne ne peut ternir l’image de Lamine Diack. Il a fait 39 ans à l’IAAF dont 23 ans en tant que vice-président. Personne n’a jamais remis en cause son intégrité. Les anglais avaient simplement besoin de cette affaire de dopage pour monter une campagne électorale en leur faveur à la tête de l’IAAF. D’autant plus que Monsieur Mike LEE qui était le chargé de la communication stratégique de Sebastian Coe était le consultant de Paris 2024. Les français avaient besoin de Sebastian Coe pour qu’il leur aide à organiser les JO de 2024. Mike LEE a une société de lobby et de marketing comme moi. J’ai apporté à l’IAAF ce que personne n’a fait jusque-là depuis la création de cette institution. Papa Massata Diack est sous leurs yeux leur victime idéale parce que je suis non seulement le fils du Président, mais aussi dans mon domaine, mes compétences sont reconnues mondialement.

Quand Habib Cissé avoue devant la barre qu’il a négocié une somme de ++600 000 euros avec les russes en votre nom pour remettre ça à dix officiels de l’Iaaf sans y toucher un seul franc. Que répondez-vous à cela ?

Cette personne est un imposteur et un menteur. Il cherche à éviter qu’on le radie du barreau de Paris. Il est prêt à faire tous les compromis possibles avec la justice française pour sortir du pétrin. J’ai entendu ses déclarations disant que c’est grâce à lui que Massata n’est pas buté par les russes. Moi je n’ai pas besoin de Habib Cissé pour négocier avec les russes. Je travaille avec eux depuis 2007 et à l’époque Habib Cissé n’avait même pas encore mis les pieds en Russie. Je travaille avec Valentin depuis 2003, je collabore avec la société SPORTIMA depuis 2006. Donc je n’ai pas besoin de Habib Cissé pour négocier quoi que ce soit en Russie. Je pense que ces déclarations sont contradictoires avec ce qu’il a dit dans ses procès-verbaux. Il a été confronté avec Lamine Diack et il a été clairement établi qu’il a négocié des contrats à l’insu de Lamine Diack et de moi-même. Valentin m’a dit quand on a posé la question à Cissé de savoir si Lamine Diack était au courant de ses agissements ? il a dit : « non Lamine Diack n’était pas au courant ».

Y avait-il pas conflit d’intérêt ?

C’est un conflit d’intérêt effectivement.  Tu es conseiller juridique de l’IAAF et tu vas signer avec une Fédération qui est sous procédure d’enquête. Tu signes avec eux pour les aider à ne pas être sanctionnés. Il a encaissé 50 000 à 70 000 euros de la fédération russe à l’insu de Lamine Diack.

Il parait que vous lui aviez demandé de restituer la somme…

Carrément ! Parce que ça m’avait choqué. Il a tout restitué à Valentin Balakhnichev. Cela veut dire donc qu’il ne négociait pas pour moi. Cette personne, Lamine Diack et moi nous regrettons de l’avoir rencontrée dans notre vie. Je n’ai jamais vu un gars aussi véreux de ma vie. On l’a amené en Russie et nous lui avons fait confiance. Je l’ai présenté à mon père parce qu’il faisait très bien son travail. En 2003, mon père était en train de négocier un contrat avec l’agence française de lutte antidopage pour les championnats du monde à Paris. Il y avait des problèmes de lois monégasque et française. Il fallait une conformité. J’ai dit à mon père je connais un avocat sénégalais qui est au barreau de Paris, il a la nationalité française, il faut aller le prendre. Il parle anglais et il peut aider à ça. Mon père a dit que c’est super parce qu’il reçoit beaucoup de notes en anglais avec des termes juridique et dont il n’y comprend absolument rien. On est allé le chercher et il a fait le boulot. Après cela, on l’a amené en Russie et après on a découvert qu’il signait beaucoup de contrats à notre insu au Maroc pour le Diamond league, il avait des contrats également en Turquie, avec la Grèce et beaucoup d’autres Fédérations. Ce qui était carrément en violation de son contrat de consultant juridique avec l’IAAF. Habib Cissé fait toutes ses déclarations pour chercher à sauver sa peau. Je n’ai pas besoin de lui pour bien négocier des contrats. Sur mon contrat avec VTB j’ai gagné assez d’argent. Donc je n’avais pas besoin de ses services. J’ai gagné assez d’argent dignement et licitement à la sueur de mon front. Je n’ai pas besoin de prendre une enveloppe de dessous de table.

A suivre

ABDOULATIF DIOP

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